Demeter, dite aussi Porteuse de pluie ou Taghounja ou
est une pièce en évolution. Créée en premier lieu sous la forme d’un vase, après la découverte de son artefact originel à Agrigento, en Sicile, c’est elle qui pousse pour la première fois l’artiste vers l’acte performatif. 

Demeter, partie chercher sa fille Koré aux Enfers, a effectué une catabase. Elle se retrouve, de fait, au rang de divinité chtonienne.
Cette pièce, dans ses différentes versions, lui est dédiée. C’est l’interprétation d’un mystérieux et inédit tube votif à l’effigie de Demeter, ayant pour vocation de s’attirer les faveurs  des divinités souterrainnes, par le biais d’offrandes ou de libations. Le tube, enfoncé dans le sol, permettait la communication avec le monde chtonien.

Ce tube, transformé par l’artiste en vase, pour retrouver sa fonction première de passage entre le monde des vivants et le monde des morts, devait se débarrasser de son fond, en faisant l’objet d’un rituel. 
Ce que l’artiste fit une première fois en Cors, dans une grotte, puis une seconde fois, lors de la performance Sortir de l’ombre par les bouches comme le Soleil traverse la Douat, en avril 2025, à la Chapelle Sainte Anne.

À l’occasion de l’exposition Il suono delle pietre, Marine Aïello crée une version de 2,70 mètres. 
Enfoncée dans le sol, elle prend alors le nom de Porteuse de pluie. Elle sort des entrailles de la terre, et pousse vers le ciel comme pour être fécondée par lui. 
Il existe une cérémonie amazigh du nom de Taghounja qui évoque le même principe. La fiancée de la pluie s’offre nue à Anzar (la pluie) pour qu’il vienne sur terre. Comme très souvent dans la mythologie, l’équilibre du monde est retrouvé grâce à la mise en circulation de principes opposés (féminin/masculin, ciel/terre). Mais il ya là aussi un renversement à l’œuvre, discret mais présent, car le son de l’eau que l’on entend, venant de la colonne, est l’écho d’une eau souterraine. L’eau ne descend pas du ciel, elle monte vers lui. Comme si la Terre, n’appelait pas le ciel à descendre, mais rejoignait le Soleil, gonflée par la chaleur de son désir, afin de lui porter aux lèvres l’eau pure et fraîche de sa source sacrée. 



©Marine Aïello